Sam Deroo : « Le match d’ouverture de la Coupe du monde est déjà un match clé »
Sam Deroo n’a pas participé aux matchs de préparation des Red Dragons avant le Mondial aux Philippines. Des fragments gênants dans son coude l’ont contraint à une petite opération suivie d’une rééducation chez Lieven Maesschalck. Mais entre-temps, Sam est quasiment rétabli et se réjouit avec impatience de ce championnat du monde, qui débutera pour les Red Dragons le 14 septembre, après encore quelques matchs amicaux contre la Chine de l’entraîneur Vital Heynen.
Le capitaine de l’équipe nationale (FIVB 17) se montre également confiant quant aux rencontres face à l’Ukraine (FIVB 14), l’Italie (FIVB 2) et l’Algérie (FIVB 87). Sa conclusion est claire :
Sam Deroo : « Notre match d’ouverture contre l’Ukraine est d’emblée le match clé de notre groupe, car il faut partir du principe que l’Italie sera une mission presque impossible et que tout le monde battra sans doute l’Algérie. Comme chez les Yellow Tigers, seuls les deux premiers passent au tour suivant. Espérons pouvoir égaler leur belle performance. »
Tout au long des années, l’Ukraine a souvent été votre bête noire. Le dernier duel s’est terminé par une courte victoire 3-2 pour les Red Dragons...
« Exact. Je m’en souviens. Mais ils n’étaient pas avec leur meilleur effectif, et nous aussi, il nous manquait quelques titulaires. L’Ukraine est une équipe très stable. Leur passeur change parfois, mais même là, l’équipe reste excellente. Ils ont en outre joué ensemble tout l’été en VNL. Ils se connaissent parfaitement. Contre eux, ce sera quitte ou double. Nous en sommes conscients. »
Mais vous avez aussi une bonne équipe. Quels sont vos points forts ?
« Oui, sûrement. Nous avons une combinaison équilibrée avec trois joueurs expérimentés et quelques jeunes explosifs. Stijn D’Hulst reste un excellent passeur, et aussi bien moi que Pieter Coolman avons une bonne connexion avec lui. Nous avons de bons serveurs, eux aussi. Je pense que nous devrons prendre des risques au service pour les déstabiliser. Mais le service est imprévisible, ça varie de jour en jour. Dangereux. Surtout en jouant le premier match dans une salle inhabitée. Le challenge sera de pouvoir les contrôler sur les points cruciaux. »
Avec un Dermaux en réussite, vous avez une arme supplémentaire au service ?
« Honnêtement, j’espère que nous n’aurons pas besoin de l’utiliser, car cela voudrait dire que nous faisons bien les choses. Mais c’est évidemment un excellent joker, à faire entrer si besoin. En réception aussi nous sommes solides, et nos libéros ont beaucoup progressé. J’ai un bon ressenti : avec des talents comme Ferre Reggers, Wout D’heer, Seppe Rotty… je crois en ce groupe. Un bon jour, nous pouvons battre l’Ukraine. »
Et vos chances contre les autres adversaires ?
« Contre l’Algérie, normalement, ce devrait être facile. Contre l’Italie, c’est autre chose : ils jouent au top toute l’année. Ils ont plus d’expérience, alors que nos récents matches contre l’Azerbaïdjan et l’Autriche ne valaient pas vraiment référence. Les tests contre l’Allemagne (une victoire, une défaite) furent utiles, avec des salles pleines, et idem contre la République tchèque (une victoire, une défaite). Cela donne de l’expérience. Moi, j’espère contribuer, même si je dois encore retrouver mon rythme. »
Si vous atteignez le prochain tour ?
« Logiquement, l’Argentine et la France seront les deux premiers de l’autre groupe. Attention à l’Argentine, qui a récemment battu la Pologne. Mais probablement, on affrontera la France. Ce serait aussi difficile que le huitième de finale des Yellow Tigers. Mais je préfère jouer contre la France, championne olympique, que contre l’Italie. Leur style nous convient mieux, même s’ils manquent parfois de régularité. »
Comment voyez-vous l’avenir des Red Dragons ?
« J’espère en faire encore longtemps partie. Notre rêve reste d’aller aux Jeux Olympiques. L’an prochain, nous participerons à la VNL : ça nous assurera des adversaires de haut niveau et de l’expérience pour toute l’équipe. »
Vous êtes aussi représentant des joueurs à la FIVB ?
« Oui, je suis membre de la FIVB Athlete Commission. Nous avons déjà obtenu pas mal de choses : un calendrier plus équilibré avec davantage de repos, la suppression des tournois de qualification (désormais remplacés par les classements et compétitions). On travaille aussi à un système de rémunération plus équitable pour les joueurs en VNL. J’ai collaboré durant trois semaines aux JO de Paris en coulisses pour optimiser certaines choses. Mais c’est un univers politique, tout va très lentement. »
En club, vous quittez le champion russe Kazan pour Novossibirsk, moins prestigieux. Pourquoi ?
« Kazan voulait miser sur des jeunes et des Russes. Mikhailov vieillit, Christenson est parti à Vérone, les places pour étrangers sont limitées, et ils ont choisi Luboric comme attaquant principal. J’ai donc décidé de bouger à Novossibirsk. »
N’est-ce pas un pas en arrière, vu que les gros clubs sont Kazan, Saint-Pétersbourg, Dinamo Moscou ?
« Non, il y a plus que ces trois-là. Fakel, Belgorod, Dinamo LO, Novossibirsk sont compétitifs. L’an passé, Novossibirsk a gagné la deuxième coupe russe et fini 6e du championnat. J’arrive dans une équipe avec un staff quasi 100% bulgare (Konstantinov, Mitkov, Bogdanov). Ma compagne est aussi bulgare. Nous avons un jeune passeur bulgare très prometteur. Nous visons une médaille, rien de moins. Sinon ce serait une déception pour ma 5e saison en Russie. »
Vous pouvez aussi encore leur en vouloir de vous avoir privés des JO...
« Ce jour-là, nous n’étions pas assez bons. Et quand tout compte pour le ranking, rien n’est offert. Ils étaient détendus, pas nous. Nous étions à deux doigts de la qualification, mais ce petit pourcentage a manqué. »
Et les conséquences de la situation politique en Russie ?
« Plus de vols directs Bruxelles-Moscou. Je dois passer par Istanbul pour rejoindre Novossibirsk. Localement, on ressent peu la guerre en Ukraine, sauf dans la difficulté pour voyager. »
Texte : Marcel Coppens