Seppe Rotty : « Nous n’aurions pas pu rêver d’un meilleur début »
Les Red Dragons ont entamé le Championnat du Monde de volley-ball aux Philippines avec un départ en fanfare. Lors de leur premier match de groupe contre l’Ukraine, les Belges n’ont laissé planer aucun doute, s’imposant 3-0 de manière convaincante (25-16, 25-17, 25-22). L’homme du match fut Ferre Reggers, auteur de 23 points et véritable moteur du collectif belge.
Aux côtés de Seppe Rotty (13 points), Sam Deroo (12), Coolman (6) et Fafchamps (2), il a posé les bases d’une prestation dominante, portée également par Lantsoght, D’Hulst et les remplaçants D’Heer, Van Hoyweghen, Dermaux et Perin. Pour les Dragons, cette rencontre face à l’Ukraine était bien plus qu’un match inaugural : c’était un affrontement barré en rouge sur le calendrier. Guidée par le sélectionneur Emanuele Zanini, l’équipe belge a prouvé dès le premier point son excellente préparation mentale et physique. Reggers, leader offensif, a imprimé le rythme avec l’aide d’un bloc collectif solide et de services incisifs, poussant les Ukrainiens au doute, sauf quelques instants dans le troisième set.
Seppe Rotty faisait aussi partie des grands artisans du succès, notamment avec cinq aces. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : la Belgique a réussi 40 attaques, 10 blocs et 6 aces, pour seulement 15 fautes en trois sets.
Seppe, une victoire 3‑0 contre l’Ukraine pour commencer : qu’est‑ce que cela te fait ?
« C’est fantastique ! Surtout parce que c’était le match le plus important du tournoi pour nous. Tout le monde l’avait noté en rouge et on savait qu’on devait être au rendez-vous pour ouvrir la route vers les 1/8es de finale. Nous n’avions pas beaucoup de références à ce niveau, donc démarrer avec une telle prestation collective donne énormément de confiance. L’équipe a parfaitement joué son rôle, tout le monde était dans le rythme. Même dans la troisième manche, quand l’Ukraine s’est rebellée, nous avons gardé la concentration et su finir les points clés. »
Peux-tu raconter le match set par set ?
« Le premier set a été quasi parfait, beaucoup de variations, un bloc efficace, la pression au service. Ferre était incroyable, il a concrétisé chaque ballon. En deuxième, l’Ukraine a changé son passeur et s’est améliorée, mais chaque fois que l’on haussait le service, ça devenait difficile pour eux. Le troisième set était plus tendu, il y a eu quelques fautes par manque de concentration, mais jamais on n’a senti qu’on perdait le contrôle. C’est ça notre force : la solidité mentale. »
Tu as mis un ace à 122 km/h. Qu’as‑tu ressenti ?
(rires) « C’était sympa ! J’ai déjà atteint 129 km/h en Belgique, donc je ne peux pas me plaindre. Mais plus que la vitesse, c’est l’impact sur l’équipe qui compte. Ça donne du boost, mais le plus important, c’est le collectif. »
Que dire de Ferre Reggers, l’homme du match ?
« Ferre, c’est un finisseur né ! Il marque depuis n’importe quel angle. Son expérience d’Italie et son calme sur le terrain sont précieux pour nous. Il a prouvé encore une fois que c’est l’un des meilleurs attaquants du monde. Avec Sam Deroo, Pieter Coolman et les jeunes talents comme Sam Fafchamps ou Gorik Lantsoght, notre collectif est très équilibré. »
L’Ukraine a parfois laissé Reggers sans double bloc. Étonnant ?
« Oui, c’est surprenant. Ils ont souvent laissé Ferre en un contre un, préférant se concentrer sur le centre. Heureusement, avec D’Hulst comme passeur, nous avons su exploiter cet espace. Ferre est resté calme et a transformé ces opportunités en points. Cela montre notre force collective : savoir exploiter les failles tout en gardant le contrôle du jeu. »
Le sélectionneur avait un petit papier avec “3-0” dans la poche. Explication ?
« C’était symbolique, pour rappeler à chacun qu’on pouvait le faire. Zanini était sous pression mais concentré, il voulait nous garder focalisés sur notre objectif. La préparation était très intense, mais nous avons trouvé la bonne balance au bon moment. »
Comment ça se passe aux Philippines : hôtel, ambiance, équipe ?
« Très professionnel ! On loge très bien, même si on doit acheter des poches de glace au supermarché faute de bains glacés. Je partage ma chambre avec Samuel Fafchamps, comme au temps des équipes de jeunes. L’ambiance dans le groupe est top et l’alimentation excellente. Il fait chaud et humide, mais tout est bien climatisé. »
Et l’ambiance volley ? Les supporters locaux sont-ils présents ?
« C’est impressionnant ! Le volley est populaire ici, les supporters sont chaleureux et enthousiastes. On fait régulièrement des photos avec eux. Et à notre surprise, il y avait encore plus de supporters belges que d’Ukrainiens ! Cela donne un vrai coup de boost, on se sent presque à la maison. »
Comment préparez-vous la suite, notamment le match contre l’Italie ?
« L’Italie, c’est un autre calibre, championne du monde en titre. Il faudra jouer sans complexe, peut-être avec encore plus de relâchement. L’essentiel, c’est de rester frais et concentrés. On veut tout donner, sans oublier d’être réalistes. »
Si vous allez en 1/8e, la France ou l’Argentine pourraient être sur la route. Un avis ?
« Peu importe l’adversaire, on doit tout donner. France, Argentine ou même la Finlande, on va jouer à fond et viser la victoire. L’équipe sent qu’elle est forte mentalement et physiquement : c’est ce qui compte avant tout. »
Et personnellement ?
« C’est une immense satisfaction, c’est le genre de prestation qui ouvre des portes et donne envie de rêver plus loin. J’espère surtout que les supporters ressentent qu’on se donne à fond et que le volley vit en Belgique ! »
Texte : Kenny Hennens
Photo : FIVB