Nathalie Lemmens : « La Chine, c’était dur, mais nous sommes loin d’avoir dit notre dernier mot »

17/06/2025

Elle a 30 ans, presque un master en biochimie en poche, a remporté la coupe en Allemagne et va bientôt rejoindre Pérouse, en Italie. Mais en ce moment, Nathalie Lemmens est simplement la force tranquille et la voix de l’expérience chez les Yellow Tigers.

La campagne de la VNL a commencé difficilement en Chine, mais il y a plus que de l’espoir. Avec la Corée du Sud, le Canada et le Brésil en ligne de mire, Lemmens analyse avec lucidité : « Nous savons ce qui peut être amélioré. Mais ce groupe a beaucoup de potentiel. Plus que les gens ne le pensent. »

Lundi matin, elle atterrissait encore à Zaventem après un vol de nuit depuis Pékin. Quelques jours plus tard, les valises sont déjà prêtes pour Istanbul. La vie d’une volleyeuse internationale est un équilibre permanent entre trouver du repos et être toujours prête. Pour Nathalie Lemmens, la joueuse la plus expérimentée de cette jeune génération des Tigers, c’est un rôle qui lui convient. Pas la plus bruyante du groupe, mais un des piliers dans les moments turbulents.

Quatre matchs en six jours – Chine (FIVB 6), Thaïlande (FIVB 14), France (FIVB 20) et Pologne (FIVB 4) – ont apporté une victoire, beaucoup d’enseignements et encore plus d’envie. « Surtout contre la France, nous avons commis des erreurs, mais c’est de là qu’on apprend le plus », dit Lemmens. Depuis sa base à Hasselt et la maison familiale à Heusden-Zolder, elle revient franchement sur la suite de la Volley Nations League. Et elle jette déjà un œil vers l’Italie, où Pérouse l’attend. Mais d’abord : Istanbul.

Tu viens de jouer quatre matchs en Chine. Quel est ton sentiment après cette première semaine de VNL ?
Nathalie Lemmens : « Mitigé. Il y a eu de bonnes choses – surtout contre la Thaïlande – mais nous avons aussi touché à nos limites. Surtout physiquement. La France et la Pologne sont des équipes très difficiles à jouer. Gros bloc, beaucoup de puissance. Parfois, on veut trop les suivre dans leur jeu, alors que ce n’est pas notre force. C’est un point sur lequel nous travaillons, match après match. Nous évaluons constamment – Kris (Vansnick, ndlr) envoie même des vidéos pendant les jours de repos. »

Le match contre la Thaïlande a montré beaucoup de résilience. Était-ce un tournant ?
« Absolument. La Thaïlande n’est pas une équipe facile : ils jouent très vite, avec beaucoup de combinaisons. Bloquer est difficile, on est souvent un pas en retard. Plusieurs pays ont des problèmes contre eux. Mais c’était un match où nous avons vraiment performé en équipe. Pas seulement Britt Herbots (32 points), tout le monde a contribué, par exemple Pauline Martin a aussi marqué 19 points (Lemmens elle-même en a inscrit 15, ndlr). C’était une bonne sensation. On a senti que c’était possible. »

La défaite contre la France, pourtant annoncée comme abordable, a-t-elle été la plus grande déception ?
« Nous avons joué leur jeu. Trop focalisées sur la puissance, sur les frappes, au lieu de suivre notre propre plan. Britt l’a aussi dit : notre pression au service était trop faible, ce qui a compliqué notre bloc-défense. Nous sommes bien revenues dans le deuxième set, mais dans le troisième, tout s’est arrêté. Dommage, car c’était un match à notre portée. Il reste en tête. »

Contre la Pologne, vous aviez même une balle de set dans le troisième set. Cela reste-t-il en mémoire ?
« Certainement. Nous avons mal commencé, mais dans le troisième set, nous étions vraiment dans le rythme. Nous avions le momentum, mais leur opposée Magdalena Stysiak, une vraie star, a fait la différence avec deux points rapides, et c’était fini. »

Qu’attends-tu des prochains matchs : Brésil (FIVB 2), République dominicaine (FIVB 10), Corée du Sud (FIVB 37) et Canada (FIVB 9) ?
« Ce sera difficile. Le Brésil est peut-être l’équipe qui m’inspire le plus et qui fait rêver tout le monde. Je me souviens encore du match à la Coupe du monde 2022 aux Pays-Bas, une journée magique. Nous avons gagné le premier set, mais perdu 1-3. Ils sont physiques, mais aussi très forts tactiquement. La République dominicaine est similaire : beaucoup de puissance, beaucoup d’expérience. La Corée du Sud et le Canada sont des adversaires contre lesquels nous avons vraiment nos chances. Surtout les Coréennes, car leur style nous convient mieux. Nous voulons absolument gagner ce match. »

Quel match vois-tu comme « clé » lors de la deuxième semaine de VNL ?
« Le Canada. On dit qu’ils ont des blessées et un style contre lequel nous pouvons nous opposer. La Corée du Sud aussi, car leur style et rythme ressemblent à la Thaïlande. Si nous prenons des points là, nous serons à nouveau dans une bonne dynamique. Dans la troisième semaine, le match contre la Tchéquie est aussi très important. Il doit nous rapporter trois points. »

Mettons la VNL de côté : félicitations pour ton transfert en Italie ! Tu quittes l’Allemagne après deux saisons pour rejoindre Pérouse, l’un des plus grands pays du volley. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ?
« J’ai passé de bons moments en Allemagne : nous avons gagné la coupe et j’ai pu terminer mon master en biochimie. Mais l’Allemagne est grise et froide (rire), alors que l’Italie était déjà sur ma liste. Pérouse me plaît, je connais bien la région. C’est un environnement de volley chaleureux, avec beaucoup de passion et d’ambition. Et je vois ça comme une récompense pour mes bonnes performances à Dresde. La première saison était ‘presque’, la deuxième, c’était vraiment réussi. En plus de la coupe, nous avons fini deuxièmes du championnat et éliminé Stuttgart (avec Pauline Martin et la nouvelle équipe d’Anna Koulberg, ndlr) en play-offs. »

Qu’emportes-tu de ton passage à Dresde pour l’équipe nationale ?
« Discipline, beaucoup de technique. En Allemagne, l’accent était énormément mis sur les détails. Je pensais qu’en tant que joueuse plus âgée, je devais surtout me concentrer sur l’aspect tactique, mais j’ai encore progressé techniquement. J’apporte ça ici, surtout dans mon rôle de joueuse expérimentée. Honnêtement, je suis reconnaissante pour mon temps en Allemagne. J’y ai vraiment retrouvé le plaisir du volley : chaque match avec 3.000 supporters, l’adrénaline, jouer avec un objectif clair. Ça te change. »

As-tu déjà eu contact avec l’entraîneur de Pérouse, Andrea Giovi ?

« Oui, il me semble très chaleureux et sympathique. J’ai vraiment hâte, car l’équipe est ambitieuse. »

Le top-4 en Italie semble intouchable, mais en dessous, tout est possible. Pérouse a recruté d’autres étrangères, alors que toi, avec tes 1m95, tu es de loin la plus grande du groupe.
« Ah, je ne savais pas (rire). Mais je connais par exemple Mazzaro (centrale, 1m86) qui a une énorme détente, donc ça ira. Pérouse veut faire mieux que la saison dernière, où ils ont fini neuvièmes. C’est pourquoi ils ont recruté Nina Markovic (Slovène, 1m85) et Kashauna Williams (Américaine, 1m86) comme opposées, et aussi l’Allemande Romy Jatzko à l’aile. J’ai vraiment hâte. Début septembre, je pars dans la belle région entre Florence et Rome. »

Nous avons vérifié : tu es à environ cinq heures de Novara, où Britt Herbots va jouer. Busto Arsizio, où Silke Van Avermaet évolue, est même une heure plus loin.
« Oups, c’est vrai que c’est loin, mais je suis sûre qu’on se verra et s’entendra régulièrement. J’ai déjà demandé à Britt de m’apprendre quelques mots d’italien. Ce sera aussi un défi, mais l’italien n’est pas si difficile, donc j’ai hâte de m’immerger dans une nouvelle culture. »

De retour aux Yellow Tigers… Tu es, avec Britt Herbots, un pilier de cette équipe. Comment vois-tu ce rôle ?
« Apporter du calme. Aider les plus jeunes à se sentir bien. Parfois, ce sont de petites choses : discuter, rassurer, juste montrer qu’on a le droit de faire des erreurs. Il y a tellement de talent dans ce groupe. Certaines ont déjà beaucoup d’opportunités, peut-être plus tôt que moi à leur âge, mais c’est bien. Une génération est en train d’émerger. »

Qui te surprend dans ce jeune groupe ?
« Tea Radovic. Elle est très gentille, calme, mais joue soudain sur une grande scène, car ce poste est ouvert. Elle sait qu’il y a des points à travailler, mais elle apprend vite et progresse. Et aussi Nel Demeyer : elle peut vraiment avoir un impact. Je crois fort en ce groupe. »

L’entraîneur Kris Vansnick l’a déjà dit avant la VNL, mais qu’est-ce qui rend ce tournoi si important en vue de LA 2028 ? Et y pensez-vous déjà en tant que joueuses ?
« Oui, quand même. Pourquoi la VNL est-elle si importante ? Parce que chaque point compte. Il faut monter au classement, car, quoi qu’il arrive, c’est notre ticket pour les Jeux. Nous sommes actuellement 15e au classement FIVB, mais nous voulons grimper. Et ok, la troisième semaine, nous devrons jouer sans Britt (Herbots se marie, ndlr), mais c’est aussi le moment idéal pour montrer où nous en sommes en tant qu’équipe. Trois étés, ça semble long, mais ça ne l’est pas. Ce tournoi est difficile, mais aussi parfait comme préparation pour tout ce qui suit : qualifications pour l’Euro, le Mondial, etc. »

Et personnellement ? De quoi rêves-tu encore ?
« D’un match surprise. Un où tout fonctionne, où tu fais vraiment vaciller une grande équipe. Et des Jeux Olympiques, bien sûr. C’est le rêve. Mais pour l’instant : direction Istanbul. Un exploit là-bas ? Alors je dirais peut-être le Brésil. Mais restons les pieds sur terre et continuons à construire cette équipe, car elle le mérite. »

Programme VNL – deuxième semaine (en Turquie)
18/06 : Brésil
19/06 : République dominicaine
20/06 : Corée du Sud
22/06 : Canada

Texte : Kenny Hennens

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