Simon Luka Vlahovic : "Je veux découvrir le monde grâce au volley"

22/05/2025

De Menin aux États-Unis, en passant par la Croatie et maintenant Alost. À 21 ans, le central Simon Luka Vlahovic (numéro 20) ne cherche pas de raccourcis : il construit sa carrière pas à pas, au sens propre comme au figuré.

Pendant deux saisons, il a brillé dans le championnat croate avec OK Ribola Kaštela, se distinguant par son calme, sa hauteur de bloc et son flair international. Un talent aux racines belges et au sang des Balkans, prêt pour Lindemans Alost et un premier stage avec les Red Dragons.
Presque deux mètres, parfaitement trilingue (croate, néerlandais, anglais), 90 kg d'expérience et de puissance : Simon Luka Vlahovic a déjà parcouru un chemin impressionnant. Formé à l’école des sports de haut niveau de Vilvorde, passé par l’université américaine St. Francis College, il a ensuite joué deux saisons à haut niveau en Croatie, entre pins et mer Adriatique. En août, il entamera un nouveau chapitre à Alost. Et qui sait, peut-être aussi ses débuts officiels en équipe nationale cet été. Rencontre.

Simon Luka, tu reviens d’une belle saison en Croatie. Comment as-tu vécu ton aventure à Kaštela ?
"Je suis très reconnaissant, c’était une expérience fantastique. J’étais en Dalmatie, à 50 mètres de la mer, dans une maison avec quatre autres gars de l’équipe. Il suffisait de traverser la forêt pour aller nager. Génial. Sportivement, c’était aussi très fort. On a terminé deuxièmes en phase régulière, j’ai tout joué sans blessures, et j’ai beaucoup appris. La Croatie, c’est un peu chez moi : je parle la langue, je connais la culture par mon père. J’étais à ma place."

Il paraît que le championnat croate fonctionne différemment ?
"Oui, c’est une autre structure. Si tu finis deuxième, tu passes directement en demi-finale — donc pression maximale d’entrée. On a perdu contre Osijek, qui a ensuite perdu la finale contre Zagreb. Résultat : tu restes bloqué à la troisième place. C’est un peu frustrant, mais chaque match devient hyper important."

Et ce système de points un peu étrange ?
"Effectivement, le vainqueur prend deux points, le perdant zéro — peu importe le score. Du coup, chaque échange compte. À la fin de saison, tu te demandes à chaque balle : 'et si c’était celle-là qui faisait la différence ?'"

Deux saisons en Croatie, un an aux USA… Tu as déjà vu du pays.
"Oui, l’Amérique a été ma première grande aventure. Là-bas, j’ai appris qu’il faut saisir chaque opportunité. J’étais à St. Francis College, mais après une saison, le programme de volley a été supprimé. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans plan. En Croatie, c’était différent : si tu performes, tu joues. Le coach Rancic misait sur les jeunes. C’est comme ça que j’ai pu progresser. Ils m’ont repéré après un tournoi avec les jeunes de l’équipe nationale à Zadar. Mon nom avait marqué les esprits."

Quels aspects de ton jeu as-tu développés là-bas ?
"Un peu tout. Mon attaque est plus tranchante, mon bloc plus constant. Je suis passé de 3m53 à 3m58 en détente verticale. J’ai aussi pris 12 kilos de muscle. On s’entraînait beaucoup et la cuisine croate est riche en viande (rires)."

Menen voulait déjà te recruter. Pourquoi avoir choisi Alost ?
"Le timing était bon. Après deux ans à l’étranger, j’avais envie de me rapprocher de ma famille. Alost m’a approché en premier, et le feeling était immédiat. Gent est arrivé après. Mon manager m’a dit que revenir en Belgique pouvait booster mes chances avec les Red Dragons. Et puis je peux vivre entre Gand et Bruges — maman est ici, papa là-bas. Je vais m’installer à Alost, ça deviendra ma base."

Alost est un club en reconstruction. Qu’est-ce qui t’a convaincu ?
"Ils veulent miser sur les joueurs belges. Or, il y a peu de centraux belges dans la Liga A — ce sont souvent des étrangers. Le fait qu’ils me donnent une vraie chance, c’est un signal fort. Et j’aime le défi d’un club qui veut progresser. Je vais devoir gagner ma place, mais j’ai déjà une bonne entente avec Jasper Verhamme, mon concurrent et ami."
Tu as déjà parlé avec le coach Frank Depestele ?
"Oui, et ça s’est très bien passé. Il donne leur chance aux jeunes, ce qui est important pour la confiance. En tant qu’ancien passeur, il a un regard affuté sur le timing et le jeu. Il me voulait déjà à Menen, donc je suis content qu’on travaille enfin ensemble."

Quels sont tes objectifs à Alost ?
"Être plus régulier. Prouver chaque semaine que je suis là, même dans les moments difficiles. Techniquement, je veux accélérer mon attaque et rendre mon service flottant plus constant. Je cherche encore le bon équilibre entre service flottant et service puissant."

Tu es sélectionné en équipe nationale. Qu’est-ce que ça représente ?
"Honnêtement ? Je me dis : enfin ! L’an passé, je n’avais pas été repris malgré une bonne saison. Cette fois, je suis là, et j’ai envie de montrer ce que je vaux. Pas de stress, juste de l’envie. J’ai hâte de découvrir le niveau."

Tes ambitions avec les Red Dragons ?
"À terme, m’imposer comme titulaire. Mais je prends les choses étape par étape. Être prêt physiquement, donner le meilleur à l’entraînement, écouter ce que Zanini attend de moi. Le rythme est élevé, et j’adore ça."

Tu ne fais pas d’études pour le moment. Et plus tard ?
"Pour l’instant, je me consacre à 100 % au volley. J’ai mis mes études en pause pour ne pas me limiter dans ma progression. Mais plus tard, pourquoi pas reprendre. Ce sera quelque chose qui me passionne, mais pour l’instant, c’est le sport avant tout. J’ai bien conscience qu’il faut penser à l’après-carrière."

Ton rêve à long terme ?
"Découvrir le monde grâce au volley. C’est ma vraie ambition. J’ai commencé en Amérique, j’ai continué en Croatie. Si Alost peut être un tremplin vers un grand championnat européen, je fonce. Mais chaque jour est une étape."

Une dernière : ton nom, Vlahovic, attire l’attention. Des réactions ?
"(Rires) Oui, depuis que Dušan Vlahovic joue à la Juventus, j’ai souvent droit à : ‘Tu joues attaquant aussi ?’ ou ‘Vous êtes de la même famille ?’ Mais non. J’ai de la famille au Monténégro par mon père, mais je ne suis pas lié à lui. Mon père était volleyeur pro, ma mère championne de Belgique sur 200 m, mon grand-père courait des marathons. Le sport, c’est dans le sang. Alors si mon nom attire l’attention, tant mieux. Je m’en sers comme moteur, pas comme pression."

Tes racines belges et serbes, qu’est-ce qu’elles représentent pour toi ?
"Une richesse. D’un côté, je suis un gars de Flandre occidentale : calme, structuré. De l’autre, j’ai le feu et la passion des Balkans. Je parle les langues, je comprends les cultures. Je peux m’adapter facilement. Ce mélange, c’est ma force. Mon père m’a appris à jouer. Et encore aujourd’hui, après un match, il m’envoie souvent un petit message ou un conseil. Ça rend l’aventure encore plus belle."

Article: Kenny Hennens

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