Youna Coens et Ines Piret : "Le beach-volley aux États-Unis est très différent de la Belgique"
Elles ont suivi leurs rêves, voulu montrer leurs ambitions, et écouté leurs passions. L’été dernier, Youna Coens et Ines Piret ont quitté la petite Belgique pour les États-Unis version "Think Great Again". Elles y ont entrepris de combiner études et beach-volley dans deux universités différentes. Youna (20 ans) étudie la psychologie dans un collège en Floride. Ines (18 ans) suit des études de marketing dans un collège en Arizona.
Ines et Youna parlent vite, parfois en même temps, échangeant des regards pour valider ce que l’autre dit : “C’est bien ça que je voulais dire ?” Car, bien qu’éloignées de plusieurs milliers de kilomètres aux États-Unis, leurs récits sont étonnamment similaires.
Des chemins différents, mais un même parcours. Pas étonnant que ces deux talents, avec leurs expériences communes, se soient retrouvées dans le circuit belge de beach-volley, qui a repris le week-end dernier sur les terrains conviviaux de Haacht. Sous un soleil radieux, l’entretien avec ce duo enthousiaste fut d’autant plus agréable.
La combinaison études et sport est typique du système scolaire américain, où efficacité et performance sont étroitement liées.
Youna Coens et Ines Piret :
“Chaque université américaine a son propre caractère et une réputation unique. Les priorités varient partout, rien n’est pareil. Mais nous pensons avoir fait le bon choix. Chaque université recrute de manière ciblée, cherchant les étudiants qui correspondent le mieux à leur vision et à leur programme.
Le choix se fait en fonction du niveau de compétition souhaité. Nous sommes très bien placées, c’est vraiment le top. On combine quatre heures de cours par jour avec un entraînement le matin, et l’après-midi est consacrée à la récupération avec le kiné. Il y a aussi de la musculation, des séances de force trois fois par semaine, des bains de glace, des conseils nutritionnels, des analyses vidéo, et bien sûr les entraînements sur sable. Nos journées sont bien remplies, mais tout est parfaitement organisé. C’est très intense, mais je suis tombée amoureuse des lieux où l’on peut étudier et s’entraîner. Les infrastructures sont vraiment exceptionnelles.”
Vous êtes immergées dans la mentalité typiquement américaine : "go big or go home".
“C’est tout à fait vrai. On nous pousse à rêver en grand. Il faut persévérer, et même quand ça ne va pas, chercher des solutions. Tous les entraînements et tous les matchs sont filmés. Grâce au programme ‘Balltime’, soutenu par l’intelligence artificielle, on peut analyser chaque action, soigneusement montée. Les entraîneurs donnent d’abord des retours positifs, puis listent les points à améliorer, toujours de façon constructive. Ils proposent aussi directement des outils pour progresser techniquement ou tactiquement. Pour nous, c’est idéal. Un apprentissage parfait.”
La dynamique d’équipe dans les universités américaines est connue pour son esprit fun et collectif. Cela crée une cohésion unique.
“C’est incroyable, ça donne énormément d’énergie. Cette dynamique collective apporte aussi de la sérénité, car on peut toujours compter sur son équipe. Les matchs se déroulent en même temps sur différents terrains, et tout le monde s’encourage. Nous évoluons au plus haut niveau avec nos équipes. La motivation est immense.
Chaque division est divisée en conferences, des groupes d’universités reliées géographiquement ou historiquement. Ines était dans la poule la plus relevée et savait qu’elle ne pourrait pas battre les meilleures. Mais le défi était immense et très formateur. Youna a atteint la finale du prestigieux ‘Conference Tournament’. Les gagnants se qualifiaient automatiquement pour les championnats nationaux avec les meilleures équipes du pays. Des moments inoubliables. Quand toute notre équipe était là à nous encourager pendant la finale, c’était un vrai frisson.”
Vous formez désormais un nouveau duo pour le championnat belge. Avec votre expérience américaine, vous faites sans doute partie des favorites.
“Ce n’est pas encore sûr que nous participerons aux Masterfinales de Nieuport, car elles coïncident avec le Championnat d’Europe U22 de beach-volley, organisé à Baden en Autriche.
Nous allons jouer plusieurs tournois internationaux cet été, comme la semaine prochaine à La Réunion, en France. C’est un événement spécial, organisé dans une zone africaine. Idéal pour récolter des points internationaux. Une très belle initiative, mise en place par Thomas Lemay, le frère de Julien Lemay, coach de Menin.”
Vous avez dû quitter vos anciennes partenaires. Cherchez-vous maintenant à adopter un style américain, adapté à vos personnalités ?
“Ce n’était pas facile de quitter nos anciennes coéquipières : Annelore Bex (Ines) et Jade Van Deun (Youna). Ce fut un moment difficile, même si elles s’y attendaient. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase. Comme nous vivons des expériences similaires dans notre ‘American dream’, nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous sommes des âmes sœurs.
Nous venons de deux formations différentes, en Floride et en Arizona, mais c’est enrichissant. Nous partageons nos idées, tant techniques que tactiques. Nous essayons de combiner les deux cultures et de créer notre propre style de jeu. Nous sommes très complémentaires, ce qui nous permet d’intégrer de nombreuses options à notre jeu.
Kris Eyckmans et Pieter-Jan sont en contact régulier avec nos coachs, ce qui permet une bonne collaboration, même si l’approche en Belgique est très différente. Nous nous sentons comme des personnes différentes quand nous sommes aux États-Unis. Ce sont vraiment deux mondes distincts. Parfois, c’est dur, on a le mal du pays. Mais ensuite, on replonge dans cette ambiance unique. Nos coéquipières sont devenues comme une seconde famille : on passe des heures ensemble chaque jour, on travaille intensément. Ça crée des liens. C’est une aventure magnifique. On la recommanderait à tout le monde.”
Texte : Walter Vereeck
Photo : FotoPe